Les épicuriens et les stoïciens affirment qu’il faut se concentrer chaque jour par le biais de pratiques de soi codifiées en un exercice précis (Mélété). La pratique de soi s’identifie avec le soin de l’âme : la philosophie est parallèle à la médecine, le philosophe étant, pour parler avec Epictète, le dispensaire de l’âme.
Ce moment journalier de concentration et d’écriture développe de nouvelles technologies de soi. D’abord : la parrhêsia, le face-à-face avec soi dans l’écriture, la véridiction. Ensuite : le soin de soi dans le temps. La philosophie est axée sur le souci de soi; ce soin est une pratique de soi par laquelle le sujet entretient sa propre vie tous les jours se succédant (alors que le salut chrétien projette le sujet dans l’au-delà). Enfin : la réflexion. Loin d’être un jeu moderne effectué par le sujet avec sa pensée, la réflexion antique était déjà cet exercice spirituel qui pouvait transformer le sujet. Ces formes constituaient l’ascèse.
L’ascèse n’est pas, comme dans le christianisme, une renonciation ; elle correspond plutôt à un rapport plein, achevé, à soi, telle que l’idée de la vieillesse selon Sénèque en fournit un échantillon véritable. Par l’ascèse, le dire-vrai, la parrhêsia peut devenir le mode d’être du sujet. Ainsi, le but de l’ascèse est-il, avant le christianisme, qui la transformera, et avant la philosophie moderne, qui l’abandonnera, la « subjectivation du discours vrai ».
Aussi, chez les anciens moines, ce n'était pas seulement une activité intellectuelle ou une forme de prière, mais un exercice habituel qui consistait à répéter des lèvres et du cœur une parole de la Sainte Ecriture ou d'un ancien, tout en s'efforçant de la mettre en pratique.
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