L’écriture hypertextuelle ne s’oppose pas à une certaine continuité par delà la littérature du fragment.
La prise en charge de certaines variables temporelles permet cette continuité.
Cette écriture n’est pas l’interruption du Tout de la solution hypertextuelle lorsqu’elle adopte une pratique fragmentaire du temps (sous forme de chroniques notamment). De sorte que le fragment hyperdocumenté ne peut pas être considéré comme un reste, une trace ultime, une simple partie d’une totalité scripturale ( qui aurait été ensuite brisée pour produire une écriture fragmentaire…).
L’écriture hypertextuelle développe un langage autre qui ne peut pas toujours se définir par rapport à la totalité.
Il s’agit parfois de penser une écriture sans se référer à l’Un.
C’est la raison pour laquelle je distingue plusieurs pratiques hypertextuelles du temps. Aucune confusion ne me semble possible entre la thématique traditionnelle de l’instant, celle de ce qui arrive selon un temps propice (temps que les Anciens nomment le kairos), celle enfin qui désigne ce qui arrive soudainement ( et que Platon appelle dans le Parménide l’exaïphnès).
La pratique ontologique du temps se concentre essentiellement dans la visée de l’instant. C’est un temps hautement technologique qui nous commande de penser la portée de ce que le multimédia appelle le temps réel. La question de la totalité se pose ici dans les termes techniques de la construction logicielle d’un Tout, tout de la solution technique qui permet à l’hypertexte de fonctionner en une écriture technologiquement unifiée.
La pratique hénologique du temps se concentre pour sa part dans la visée du temps propice (kairos). C’est par rapport à l’Unité (hénologie) de la solution hypertextuelle qu’un certain temps de l’écriture advient de manière opportune, selon la bonne mesure et ce qui convient.
La pratique métabologique du temps se concentre enfin dans la visée de l’inattendu. Aucune unité ne préside à la pratique courante de l’écriture hypertextuelle qui maintenant se déploie. Une logique autre de l’écriture où le temps devient celui d’une certaine absence de temps, ou plus correctement le temps d’un temps “insensible par sa petitesse” (comme Aristote caractérise pour sa part le soudain après Platon).
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