Comme les Hébreux sont les premiers à s’être transformés en communauté virtuelle, habitant l’hypertexte talmudique au lieu d’un territoire réel, peut-être la sagesse du peuple de la mémoire peut-elle nous aider à mieux aborder les temps qui viennent.
L’étude de la Tora, qu’un juif est censé pratiquer jour et nuit nous dit Pierre Lévy, n’est autre qu’une méditation sur la justice. Le sage, dans le judaisme, est appelé « le juste ». Pour former des gens qui jugent sainement, l’enseignement traditionnel fait naviguer les étudiants dans un immense hypertexte, fruit du dialogue des rabbins qui s’interrogent entre eux et émettent une multitude d’avis souvent contradictoires. Ici, l’établissement d’un lien inattendu est perçu comme une bonne chose et de nouvelles questions font voir de nouveaux aspects des problèmes.
Par contraste, la rhétorique de l’antiquité gréco-romaine ne visait pas à former des justes aussi habiles à accuser le parti adverse qu’à défendre leur propre camp. Les arguments logiques, les preuves factuelles, la manipulation psychologique et l’appel aux lieux communs visent tous à l’emporter sur l’ennemi. Au lieu d’apprendre à (se) poser des questions, on s’exerce aux réponses imparables.
La cyberculture - ses communautés virtuelles, ses courriers électroniques et ses liens hypertextes - réclame des personnes entraînées au dialogue sincère et à l’entremêlement des pensées, plutôt que des individus formés à la manipulation persuasive. Quittons donc cette culture raisonneuse de partisans et d’accusateurs pour ouvrir la voie à une génération de justes ?
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