mercredi 30 avril 2008

Détermination du texte par l'hypertexte


Savoir ce qu’est un texte devient peu à peu une question sans solution, sans projet : si l’on veut décrire la situation en termes peu avantageux, on dira que pour la plupart des analystes qui, depuis l’époque du post-structuralisme et de l’herméneutique, se sont penchés sur ses caractéristiques essentielles, le texte apparaît définitivement disséminé, éclaté, étoilé…


Savoir tout de go en quoi consiste un hyper-texte peut sembler a fortiori une gageure. Voire un non-sens. Comment définir un hypertexte si l’on avoue d’avance l’impossibilité d’une approche théorique pertinente concernant le simple texte ? Or l’hyper-textualité a ceci de remarquable par rapport à la seule idéalité du texte qu’elle semble correspondre dans son fonctionnement à une axiomatique susceptible d’être développée en une véritable méthode ; et celle-ci nous renseigne fort utilement sur la nature d’un hypertexte en termes de calcul, d’hypothèses et de structures opérantes. Cette axiomatique d’un nouveau genre nous renseigne également, par une sorte de lien indirect, sur les composantes textuelles qui l’accueillent. C’est ainsi que les sciences qui se rapportent au domaine strictement textuel s’en trouvent profondément ré-orientées : il existe en effet un véritable dilemme dans ces sciences que l’on résumera de la façon suivante : le seul objet véritable et consistant dans l’analyse est représenté par les traces de l’activité symbolique – signe, sens, signification, phrase, écriture, texte – et ces traces n’ont de sens que si elles sont rapportées aux stratégies de production et de réception qui en constituent l’indispensable révélation. Or force est de constater que ces stratégies sont personnelles, privées. Elles sont difficilement repérables du point de vue des méthodes habituellement utilisées dans les sciences humaines pour les décrire. Elles ne semblent pas susceptibles d’analyses objectives tant que nos connaissances en axiomatique des systèmes signifiants restent aussi rudimentaires qu’elles le sont (algorithmique, théorie des langages, calculabilité …), surtout si on les compare à la complexité sans fond des phénomènes symboliques existant.


Dépasser ce dilemme semble pourtant envisageable. Le tout est de ne pas en rester au seul niveau textuel pour avancer. Le tout est de prendre le problème à un niveau différent. J’ai pu montrer que l’objet symbolique n’existe maintenant en tant qu’objet textué que dans sa triple organisation de faible, moyenne ou forte valeur rétentionnelle. Et c’est par l’étude de ces objets d’un nouveau genre qu’il me semble opportun d’aborder la question du texte et de son fonctionnement littéral.


Pour autant, il est clair qu’au-delà d’une certaine limite, les configurations internes du texte ne permettent pas de prévoir le sens que souhaite lui donner un lecteur (ou celui que lui avait donné son producteur). Pas plus que l’étude des stratégies de réception ne permet de décrire les configurations internes de ce même écrit. Les textes en savent généralement plus que leurs lecteurs. Encore faut-il le savoir. Encore faut-il poser cette impossibilité sous la forme conceptuelle qu’un tel traitement rhétorique attend ; en somme, il s'agit de poser un concept de ce qui passe le texte pour se présenter sous une forme désormais hyper-textuelle. Et, ce faisant, puisse se prêter à des rapports objectifs peut-être plus opportunément discernables qu’ils ne l’étaient au simple niveau textuel ou hypo-textuel d’antan.
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